ORANGE MÉCANIQUE


Il y avait moi...


c'est-à-dire Alex,
et mes trois drougs...


à savoir Pete, Georgie et Dim.


Au milk-bar Korova, on se creusait
le rassoudok pour décider...


ce qu'on allait faire de la soirée.


Le Korova vendait du lait enrichi...


enrichi de vellocet,
de synthemesc ou de drencrom...


et c'est ça qu'on buvait.


Ça vous surexcite...


et vous rend apte
à un peu d'ultra-violence.


A Dublin, cité bénie


Où les filles sont si jolies


J'ai vu pour la première fois


La charmante Molly Malone


Comme elle poussait son chariot


Tout le long des caniveaux


Criant "Les belles moules
Les bigorneaux, ô"!


Ce que jamais
je n'ai pu supporter:


un vieux poivrot crasseux...


beuglant des refrains cochons...


et éructant beurk, beurk,
entre-temps...


comme s'il avait un orchestre
visqueux dans ses tripes pourries.


Je ne supporte personne dans cet état,
quel que soit son âge...


mais surtout pas
un vieux kroumir comme celui-là.


Vous auriez un peu de flouze,
les frangins?


Allez zigouillez-moi,
bande de fumiers!


De toute façon,
je tiens pas à vivre...


dans ce monde merdique.


Qu'est-ce qu'il a de merdique?


Il est merdique parce que désormais,
I'ordre ne règne plus...


et qu'on laisse les jeunes
s'en prendre aux vieux...


comme vous faites!


Ce n'est plus un monde
pour vieillards.


Quel sorte de monde est-ce,
d'ailleurs?


Les hommes vont sur la lune...


les hommes tournent
autour de la planète...


et on n'a plus aucun égard...


pour la loi,
ni pour I'ordre sur terre.


Chère patrie


Je t'ai servie


C'est au casino délabré
qu'on est tombés sur Billyboy...


et ses quatre drougs.


Ils s'apprêtaient à s'envoyer
un petit coup...


de va-et-vient avec une jeune
devotchka qui chialait.


Dirait-on pas ce gros bouc puant...


de Billyboy en pourceaunne?


Comment vas-tu...


poisseuse bonbonne d'huile
à frites rance?


Viens te faire cogner
les valseuses!


Si valseuses tu as...


terrine de gelée d'eunuque!


Sautez-leur dessus!


La police!


Filons!


La Durango 95 ronronnait
vraiment horrorcho.


Une chaude sensation
vous faisait vibrer les tripes...


Bientôt, il n'y eut plus
qu'arbres et ténèbres...


I'obscurité totale de la campagne.


On a fait les cons avec
d'autres errants de la nuit...


en jouant aux chauffards.


Puis, on a mis le cap sur I'ouest.


Ce qu'on cherchait à présent,
c'était la visite-surprise.


Ça, c'était marrant...


et permettait de s'envoyer
de I'ultra-violent à gogo.


Qui diable ça peut-il être?


Je vais aller voir.


Qui est là?


Pouvez-vous nous aider,
on a eu un accident terrible!


Mon ami saigne comme un boeuf.
Puis-je appeler une ambulance?


Nous n'avons pas le téléphone...
Voyez ailleurs.


Question de vie ou de mort!


Qui est-ce?


Un jeune homme.
Il dit qu'il y a eu un accident.


Il veut téléphoner.


Mieux vaut le faire entrer.


Un peu de patience!


Nous n'ouvrons pas
à des inconnus la nuit...


Pete, fouille la maison. Dim.


Je chante sous la pluie


Je chante sous la pluie


Quelle sensation inouïe


J'en ai I'âme ravie


Les nuages me laissent froid


Si le plafond est bas


Dans mon coeur c'est I'été


Et je suis prêt à aimer


Que les nuages chargés d'eau


Mettent en fuite les badauds


Dès que tombe la pluie


Mon visage s'épanouit


J'arpente les chemins


Sur un air plein d'entrain


Et je chante...


Oui, je chante...


Sous la pluie


Louque attentivement, frangin.


On se sentait un peu échevelés,
éreintés et inquiets.


Ç'avait été une soirée où on avait
dépensé quelque peu d'énergie.


Larguant I'auto, on est entrés
au Korova pour un dernier verre.


Salut, Lucy.


Beaucoup de monde ce soir?


Nous aussi, on a bossé dur.


Excuse-moi, Luce.


Il y avait des sophistos
des studios de TV voisins...


qui riaient et gavoritaient.


La devotchka smeckait aux éclats
sans souci de ce monde corrompu.


A ce moment, sur un dernier accord,
le disque prit fin.


Dans le bref silence qui suivit...


la devotchka, tout à coup,
se mit à chanter.


On eût dit un instant...


qu'un grand oiseau
planait dans le milk-bar.


Et j'ai senti
tous les little poils...


se dresser sur mon body.


Des frissons, tels de malenky lézards,
me parcouraient de bas en haut...


et de haut en bas.


Car je savais ce qu'elle chantait.


Un extrait de la sublime Neuvième
de Ludwig van.


Pourquoi t'as fait ça?


Parce que t'es un voyou
mal élevé...


J'aime pas que tu fasses
ce que t'as fait.


Et je ne suis plus ton frère,
et je n'ai pas envie de I'être.


Prends garde.


Prends garde, ô Dim, si en vie
demeurer est ton voeu le plus cher.


Yarbles!


Tu me casses les yarblocks!


On se bat avec une chaîne, un nozh
ou un britva quand tu veux.


Tu me flanques des tolchocks
sans raison.


Evidemment, je peux pas le tolérer.


On se bat au nozh quand tu voudras.


Doubidoub.


Un peu flapi peut-être.


Mieux vaut en rester là.


Le dodo, c'est ce qu'il nous faut.


On va rentrer piquer
un petit spachka.


C'est d'accord?


Là où j'habitais
avec mes Papa et Maman...


c'était dans I'immeuble municipal
18 A, Alignement Nord.


Après cette merveilleuse soirée...


il me fallait
pour la terminer dignement...


un peu de Ludwig van.


Ô, béatitude!


Béatitude céleste!


C'était la splendeur
et la grandiosité incarnées.


C'était comme un oiseau
du métal céleste le plus rare.


Ou un vin d'argent coulant
dans un vaisseau spatial...


toute pesanteur abolie.


En slouchant...


j'avais des visions superbes.


Alex. Alex!


Qu'est-ce que tu veux?


Il est plus de 8 h, Alex...


il ne faut pas être en retard
à I'école, mon fils.


J'ai un peu mal au gulliver, maman.


Laisse-moi.
Si je dors, ça va passer.


Et je serai rétabli
pour cet après-midi.


Mais tu n'es pas allé
à I'école de la semaine.


Faut que je me repose.


Que je me remette.


Sinon, je risque de manquer
I'école encore plus.


Ton petit déjeuner sera au chaud.
Je dois m'en aller, à présent.


Très bien, maman.
Bonne journée à I'usine.


Il se sent de nouveau patraque,
ce matin.


Oui, j'ai entendu.


Tu sais à quelle heure il est rentré?


Non, mon chou.
J'avais pris mon somnifère.


Je me demande...


où c'est exactement
qu'il va travailler le soir?


Eh bien, comme il dit...


ce qu'il fait,
c'est surtout bricoler.


Il donne un coup de main...


ici et là, comme ça se trouve.


Drôle de surprise de vous voir ici.


Oh, Alex mon garçon.
Enfin réveillé, oui?


J'ai rencontré ta mère
qui allait à son travail.


Elle m'a donné la clé.


Elle a parlé d'une douleur
je ne sais où...


en conséquence de quoi,
pas d'école, oui?


Une douleur intolérable,
dans la tête, monsieur.


Ça ira mieux après le déjeuner.


Ou certainement
pour la soirée, oui?


Le soir, c'est I'heure divine,
n'est-ce pas, Alex?


Non... assieds-toi, assieds-toi.


A quoi dois-je
ce plaisir extrême, monsieur?


Il y a un pépin?


Un pépin... Pourquoi penses-tu
qu'il y a un pépin?


As-tu fait
ce que tu n'aurais pas dû?


Une façon de parler.


Eh bien,
c'est une façon de parler...


du préposé à ton redressement
que te dire fais attention...


car ce ne sera plus
le centre d'éducation surveillée.


La prochaine fois, ce sera la taule,
et tout mon ouvrage anéanti.


A défaut de toi-même...


tu pourrais me respecter,
moi qui me suis exténué sur toi.


On a une mauvaise note
pour chaque cas irrécupérable.


C'est un constat d'échec
chaque fois que I'un de vous...


se retrouve au placard.


Je n'ai rien fait de mal.


Les millicents n'ont rien
à me reprocher, mon pote.


Monsieur, je veux dire.


Assez de salades.


Le fait que la police ne t'ait pas
ramassé récemment...


veut pas dire que t'aies pas fait
un mauvais coup.


Il y a eu une sale histoire,
hier soir, oui.


Une très vilaine histoire, oui.


Il a fallu hospitaliser quelques
amis d'un certain Billyboy.


Ton nom a été prononcé.


Je I'ai su par les voies habituelles.


On a nommé aussi
certains de tes amis.


Nul ne peut rien prouver,
comme d'habitude...


mais je t'avertis, petit Alex...


car je suis un bon ami pour toi.


Le seul qui dans ce monde taré
et souffrant...


veut te sauver de toi-même!


Qu'avez-vous tous?


Nous étudions le problème
depuis près d'un siècle...


et nous ne sommes pas plus avancés.


Tu as un foyer agréable ici,
des parents aimants.


Tu n'es pas trop bête.


Est-ce quelque démon
qui s'est emparé de toi?


On n'a rien contre moi, monsieur.


Je suis sorti des rouks
des millicents.


C'est bien ce qui m'inquiète.
Depuis trop longtemps. Selon moi...


tu es mûr pour la récidive.


Donc, petit Alex...


tâche de maintenir ton joli museau
hors de la crotte.


Est-ce clair?


Comme un lac limpide.


Clair comme un ciel d'azur
au coeur de I'été.


Vous pouvez vous fier à moi.


Pardon, mon pote.


J'ai commandé ça il y a 2 semaines.
Est-ce arrivé, je vous prie?


Un instant.


Pardon, mesdames.


C'est bon, hein, chérie?


Un peu froid et sans intérêt,
ma jolie?


Qu'est-il arrivé à la tienne,
ma frangine?


Qu'est-ce que vous prenez?


Goggly, Gogol?
Johnny Zhivago?


Les Heaven Seventeen?


Qu'as-tu chez toi pour entendre
tes disques pourris?


Pas grand-chose, je parie,
sauf un petit tourne-disques portatif.


Venez avec tonton...


entendre les trompettes des anges
et les trombones du diable.


Je vous invite.


Tiens, tiens...


Salut.


Le v'la!
II a arrivé!


Ah, dis donc, dis donc, dis donc!


A quoi dois-je I'extrême plaisir
de cette surprenante visite?


On se faisait de la bile.


On t'attendait tout en sirotant
du moloko casse-pattes.


Et tu n'as pas paru.


On a pensé que
tu t'étais peut-être...


vexé d'une chose ou d'une autre.


Aussi on s'est rendus à ta demeure.


Jave mavex cavusave.


J'avais mal au gulliver,
et besoin de dormir.


On ne m'a pas réveillé
comme je I'avais ordonné.


Désolé que t'aies eu mal.


Tu te sers peut-être
trop de ton gulliver?


A force de donner des ordres
et de commander?


T'es sûr que t'as plus mal?


Tu ferais pas mieux
de retourner au lit?


Rendons les choses
éblouissantes de clarté.


Le sarcasme,
si j'ose I'appeler ainsi...


ne vous sied pas, ô mes frères.


Etant votre droug et chef...
j'ai le droit de savoir ce qui se passe.


Dim.


Que dois-je augurer de ce sourire
de cheval à la gueule béante?


Ça suffit, plus question
de t'en prendre à Dim, frangin.


Ça fait partie du nouveau système.


Nouveau système?
Qu'est-ce que le nouveau système?


Pas d'erreur, on a élevé la voix
dans mon dos, tandis que je dormais.


Puisqu'il faut t'affranchir,
allons-y.


On se contente de graber
des boutiques...


pour palper que des miettes.


Will I'English, du café M. Muscle...


peut fourguer
tout ce qu'on peut graber.


Ce qui brille. Les diamants!


Le gros, gros fric,
on peut I'avoir...


Et que feras-tu du gros,
gros fric?


N'as-tu pas tout ce qu'il te faut?


S'il vous faut une bagnole,
vous la cueillez.


S'il vous faut du pognon,
vous le piquez.


Mon pote, tu penses et tu parles
parfois comme un petit garçon.


Ce soir,
on fait un grabe d'adulte.


Bon. Très horrorcho!


L'initiative vient
à qui sait attendre.


Je vous ai beaucoup appris,
mes drougs.


A présent, dis-moi
ce que tu projettes, Georgie.


Oh, un peu de moloko enrichi
d'abord, tu ne crois pas?


Mais pour toi surtout,
nous on a commencé.


Tout en avançant le long du bassin...


j'étais calme en apparence,
mais ne cessais de réfléchir.


Ainsi, Georgie allait être
le général...


nous disant quoi faire
ou ne pas faire...


et Dim, son stupide
et grimaçant héraut.


Soudain, j'ai vu que réfléchir,
c'est pour les gloupys.


Les omnys suivent leur inspiration
et se servent de ce que Log envoie.


Car, à présent, une musique
enivrante venait à mon aide...


par une fenêtre ouverte,
et en stéréo...


et, aussitôt, j'ai vidié
ce qu'il fallait faire.


Je n'avais entamé aucun
des câbles essentiels de Dim...


aussi, à I'aide
d'un tachtouk propre...


le krouvy cessa bientôt de couler...


et il fallut peu de temps
pour apaiser les deux blessés...


dans le creux douillet
du Duke of New York.


A présent, ils savaient qui était
le Maître et le Chef.


Des moutons, me disais-je.


Mais un vrai chef sait toujours...


quand il doit se montrer généreux
avec ses subalternes.


Maintenant, nous voilà revenus
là où nous étions.


Oui?


Comme auparavant,
et tout est oublié?


D'accord, d'accord, d'accord?


D'accord.


D'accord.


D'accord.


Alors, Georgie...


cette idée que tu avais pour
ce soir. Parle-nous-en en détail.


Pas ce soir.


Pas cette nochy.


Allons, allons, allons, Georgie.


Tu es un grand chelloveck costaud,
comme nous tous.


Nous ne sommes pas
des petits enfants, hein Georgie?


De quel dessein ton âme
est-elle occupée?


C'est une Ferme de Beauté.


Un peu en dehors de la ville.


Isolée.


Elle appartient à une très riche
ptitsa qui y vit avec ses chats.


Elle a fermé la maison pour 8 jours
et y est complètement seule.


C'est rempli d'or, d'argenterie...


et de bijoux.


Parle encore, Georgie.
Parle encore.


Oh, merde!


Qui est là?


Pouvez-vous nous aider?


On a eu un accident terrible!


Puis-je téléphoner
pour une ambulance?


Je regrette énormément.


Il y a un téléphone au pub,
plus loin sur la route.


Je vous conseille d'y aller.


Mais c'est urgent.


C'est une question de vie
ou de mort.


Mon ami gît sur la route
et saigne comme un boeuf!


Désolée, mais je n'ouvre jamais ma
porte à des inconnus à la nuit tombée.


Très bien, madame.


On ne peut vous en vouloir
d'être méfiante...


avec tous les chenapans
et les coquins qui, la nuit, rôdent.


Je tâcherai de trouver
de I'aide au pub.


Excusez-moi
de vous avoir dérangée.


Merci beaucoup.
Bonsoir.


Dim, penche-toi...


Je vais passer par cette fenêtre.


Le poste de police de Radlett?


Bonsoir. Ici, Miss Weathers,
de la Ferme de Beauté de Woodmere.


Pardon de vous déranger, mais
il s'est passé une chose bizarre.


Ce n'est probablement rien du tout,
mais sait-on jamais...


Un jeune homme a sonné,
demandant à téléphoner.


Il a dit qu'il avait eu
un accident.


Ce qui m'a donné I'éveil,
c'est que...


les mots qu'il employait étaient
ceux que citait le journal...


au sujet de I'écrivain
et sa femme attaqués hier soir.


Il y a quelques minutes...


Si vous y tenez...


mais je suis persuadée
qu'il est parti.


Oh... parfait.


Merci beaucoup.


Ah...


Enfin, nous nous rencontrons.


Notre govorit à travers la boîte
aux lettres n'était pas satisfaisant.


Qui êtes-vous?


Comment diable êtes-vous entré?


Qu'est-ce que vous foutez ici?


Polisson, polisson, polisson!


Vieille soumka vicieuse!


Dites donc, petite ordure!


Faites demi-tour et sortez d'ici
comme vous êtes entré.


Laissez ça! N'y touchez pas!


C'est une oeuvre d'art
très importante.


Qu'est-ce que vous voulez,
bordel de m...?


Pour être tout à fait franc...


je participe à un concours
d'étudiants...


pour voir qui aura vendu
le plus de magazines.


Ecrase, petit con...


et tire-toi avant d'avoir
de sérieux ennuis.


Je t'ai dit de laisser ça tranquille.
Va-t'en...


avant que je te jette dehors!


Misérable punaise gluante!


Je t'apprendrai à t'introduire
de force chez les gens.


- Filons, voilà la police!
- Une minouta, drougy.


Fumiers! Je suis aveugle!


Je suis aveugle, fumiers!
J'y vois plus!


Inutile de rester là à espérer,
mes potes.


Je dirai pas un seul slovo
tant que mon avocat ne sera pas là.


Je connais la loi, salopards.


Entendu, Tom...


va falloir montrer à Alex
que nous aussi, on connaît la loi...


mais que la connaître
n'est pas tout.


Vilaine blessure
que tu as là, Alex.


Dommage...


Ça gâche toute ta beauté.


Qui t'a fait ça, hein?


Pourquoi, salaud?


Ça... c'est de la part
de ta victime.


Effroyable...


canaille!


Ils sont au numéro 3.


Merci beaucoup.


- Vous voulez votre thé?
- Tout à I'heure.


Donnez-moi des serviettes
en papier.


Nous interrogeons le détenu.


- Voulez-vous entrer?
- Merci beaucoup.


Bonsoir, Sergent.
Bonsoir, tout le monde.


Mon Dieu... Ce garçon
est salement amoché.


Voyez dans quel état il est.


Le cauchemar d'une nuit d'été.


La violence engendre la violence.


Il résistait aux agents.


Pour moi, c'est la fin de tout.


La fin de tout, oui.


C'était pas moi.


Défendez-moi,
je suis pas si pourri.


Je me suis laissé entraîner.


Il se démène drôlement.


Où sont mes salauds de drougs?
Arrêtez-les!


C'est eux qui ont eu I'idée.


Ils m'ont forcé à le faire.
Je suis innocent!


Tu es un assassin à présent,
petit Alex.


Un assassin.


Ce n'est pas vrai, monsieur.


Ce n'était qu'un léger tolchock.


Elle respirait, je le jure.


J'arrive de I'hôpital.


Votre victime a succombé.


Vous tentez de m'effrayer,
avouez-le, monsieur.


Un nouveau genre de torture.


- Dites-le, monsieur.
- Une torture que tu t'es infligée.


J'espère que ça te torturera
jusqu'à la démence.


Si vous voulez lui claquer la gueule,
vous gênez pas.


On le tiendra.


Il doit être une grosse déception
pour vous.


Ici commence la partie
vraiment tragique de ce récit...


ô mes frères et seuls amis.


Après un procès
avec juges et jury...


et des mots très durs contre
votre ami et humble narrateur...


on le condamne à 14 ans
à la Prison d'Etat N 84 F...


parmi des invertis malodorants
et des prestoupniks endurcis.


Le coup poussa mon père
à brandir ses roukers...


contre ce Bog injuste,
dans son ciel...


et maman faisait bouhouhou
dans son chagrin...


de voir I'unique enfant né
de ses entrailles...


désappointer tout le monde.


Un entrant de Tamise.
Un entrant de Tamise!


Oui. Ouvrez, gardien!


Voici le mandat de dépôt du détenu.


Merci, gardien.


- Nom?
- Alexandre de Large.


Vous êtes à la prison
de Parkmoor...


Dorénavant, aux fonctionnaires
de la prison vous direz: monsieur.


Alexandre de large, monsieur.


Condamnation?


14 ans, monsieur.


Délit?


Meurtre, monsieur.


Enlevez-lui les menottes,
gardien.


Vous êtes à présent 655321 ...


et vous devez apprendre
ce numéro par coeur.


Merci, gardien. C'est parfait.


Laissez-le sortir.


Videz vos poches.


Pouvez-vous voir la bande blanche...


sur le sol derrière vous...


655321?


La place de vos orteils est...


de I'autre côté de cette bande!


Continuez.


et posez-le convenablement.


Une demi-tablette de chocolat.


Un trousseau de clés,
sur anneau de métal blanc.


Un paquet de cigarettes.


Deux stylos à bille en plastique:


un noir, un rouge.


Un peigne de poche:
plastique noir.


Un carnet d'adresses:
imitation cuir rouge.


Une pièce de 10 pence.


Une montre de poignet...


"Timawrist" sur bracelet extensible,
métal blanc.


Rien d'autre dans vos poches?


Bon. Signez ici
pour vos objets de valeur.


Le tabac et le chocolat...


sont confisqués...


vu qu'à présent,
vous êtes condamné.


Allez vers cette table,
et déshabillez-vous.


Etiez-vous en détention
ce matin?


Un veston... bleu fileté.


Détention?


Oui, monsieur.
Préventive, monsieur.


E.A., monsieur.


Eglise anglicane?


Eglise anglicane, monsieur.


Cheveux bruns?


Blonds, monsieur.


Yeux bleus?


Bleus, monsieur.


Portez-vous des lunettes
ou verres de contact?


Une chemise... bleue, col tenant.


Avez-vous été en traitement
pour une maladie grave?


Une paire de bottes,
cuir noir... usagées.


Avez-vous jamais eu
une maladie mentale?


Portez-vous de fausses dents
ou des appareils de prothèse?


Un pantalon... bleu fileté.


Avez-vous eu des syncopes
ou le vertige?


Paire de chaussettes.


Etes-vous épileptique?


Un caleçon... blanc,
à ceinture bleue.


Etes-vous, ou avez-vous
jamais été un homosexuel?


Bien.


La naphtaline, gardien.


A présent, face au mur.


Penchez-vous,
touchez vos orteils.


Maladie vénérienne?


Morpions? Poux?


- Par là pour un bain.
- Un bain, un!


Quel sera votre avenir?


Entrer et sortir d'établissements
comme celui-ci?


Entrer surtout, pour la plupart.


Ou tiendrez-vous compte de
la Parole divine...


et songerez-vous aux châtiments...


qui attendent les pécheurs
impénitents dans I'autre monde?


Quels idiots vous faites...


de vendre votre droit naturel
pour une écuelle de bouillie froide.


L'excitation du vol...


de la violence...


le désir d'une vie facile.


Je vous le demande:
Cela compte-t-il...


quand nous avons la preuve...


oui, la preuve irrécusable...


que I'Enfer existe?


Je sais.


Je sais, mes amis.


J'ai appris...


par des visions...


qu'il est un lieu...


plus ténébreux que toute prison...


plus brûlant que toute flamme
allumée par I'homme...


où les âmes...


des pécheurs criminels impénitents
tels que vous...


Ne riez pas, mécréants!
Ne riez pas.


Je répète, tels que vous...


hurlent...


dans cette agonie
interminable et intolérable.


Tandis que leur peau...


se putréfie et tombe en lambeaux.


Et qu'une boule de feu...


toupille dans leurs tripes
gémissantes!


Je sais... oh, oui, je sais!


Nous allons conclure
en chantant le cantique 258...


du recueil des prisons.


Ayez un peu de piété,
bande de charognards!


J'étais un agneau égaré


- Chantez, bon Dieu!
- Je n'aimais pas le bercail


Ni la voix de mon berger


On ne pouvait me dompter


Plus fort!


Ce n'avait pas été édifiant,
vraiment pas...


d'être dans cet enfer,
ce zoo humain, depuis 2 ans déjà.


D'être tolchocké
par des brutes de gardiens...


et d'être en compagnie
d'invertis...


bavant devant...


un malchick girond
comme votre narrateur.


J'avais pour job...


d'assister le cureton
pendant I'office du dimanche.


C'était un bolchy salopard
de forte carrure.


Il avait un faible pour moi,
vu que j'étais jeune...


et qu'à présent, je m'intéressais
beaucoup à la Bible.


J'ai tout lu sur les coups de fouet,
la couronne d'épines.


Je me louquais venant
à la rescousse...


et me chargeant de tolchoker
et de planter les clous.


Vêtu à la mode dernier cri
des Romains.


J'aimais moins le reste...


où il y avait plus de sermons...


que de bagarres
et de parties de va-et-vient.


J'aime les passages
où les youdis se tolchokent...


puis boivent leur vin hébreu...


et couchent avec les servantes
de leurs femmes.


Ça m'aidait à tenir le coup.


"Ne cherche pas
à ressembler aux méchants...


ni ne désire leur compagnie...


car leur âme est
occupée de filouteries...


et leurs lèvres sont trompeuses."


"Si tu perds I'espoir dans
un moment de détresse...


ta force en sera diminuée."


Bien, mon fils, bien.


Mon père...


J'ai fait des efforts.


En effet, mon fils.


J'ai fait de mon mieux.


Je n'ai jamais commis
d'infractions au règlement.


Assurément non, 655321 .


Vous avez montré un désir
sincère de vous amender.


Mon père...


Puis-je vous poser
une question en particulier?


Certainement, mon fils.


Quelque chose vous trouble-t-il?


N'hésitez pas à parler.


Rappelez-vous...


je connais...


les impulsions qui peuvent
troubler les jeunes gens...


privés...


de la compagnie des femmes.


Non, mon père,
il ne s'agit pas de cela.


Il s'agit de ce nouveau truc
dont tout le monde parle.


Ce nouveau traitement...


qui vous sort de prison
en un rien de temps...


et vous préserve
d'y jamais retourner.


Où avez-vous appris cela?


Qui a parlé de ces choses?


Ces bruits-là circulent.


Deux gardiens causent.


On ne peut pas s'empêcher
d'entendre ce qu'ils disent.


Puis, à I'atelier,
on ramasse un morceau de journal...


qui donne tous les détails.


Si vous me proposiez
pour ce nouveau traitement?


Je présume que
vous faites allusion...


au traitement Ludovico?


J'ignore comment on I'appelle.


Ce que je sais, c'est qu'il vous
fait sortir en vitesse...


sans retour.


Ce n'est pas prouvé, 655321 .


En fait, on en est actuellement
au stade expérimental.


Mais on I'applique,
n'est-ce pas, mon père?


Pas dans cette prison, jusqu'ici.


Le directeur est très sceptique...


et il paraît que cela implique
de graves dangers.


Peu m'importent les dangers,
mon père.


Je veux être honnête.


Je veux, tout le restant
de ma vie...


être une bonne action.


Le tout est de savoir...


si, oui ou non, cette technique
rend vraiment un homme vertueux.


La vertu vient de I'intérieur.


La vertu...


est un choix.


Quand un homme
ne peut plus choisir...


il cesse d'être un homme.


Je ne comprends rien aux pourquoi
et aux comment, mon père.


Je sais seulement
que je veux être bon.


Soyez patient, mon fils.


Faites confiance au Seigneur.


"lnstruis ton fils,
et il te réconfortera...


et réjouira ton âme."


Amen.


Tous présents, monsieur.


Bien.


Tous présents, monsieur.


A présent, faites attention.


Je vous veux sur 2 rangs...


alignés devant ce mur
et nous faisant face.


Allons, remuez-vous!


Dépêchez-vous!


Cessez de parler!


Les détenus sont prêts
pour I'inspection.


Combien par cellule?


Quatre dans ce bâtiment, monsieur.


un concentré de criminalité
au coeur du châtiment.


J'en conviens, il nous faut
plus d'espace, plus d'argent.


Aucune chance.


Le gouvernement
ne peut plus s'intéresser...


à des systèmes
pénitentiaires périmés.


Bientôt, il nous faudra
de la place pour les factieux.


Appliquons aux "droits communs"
un traitement curatif.


Tuons le réflexe criminel,
voilà tout.


Cela sera mis en oeuvre en un an.


Le châtiment ne compte pas
pour eux.


Ils y prennent plaisir.


C'est vrai, monsieur!


Boucle ton foutu clapet!


Moi, monsieur.


Quel est votre délit?


Homicide involontaire, monsieur.


Il a brutalement assassiné
une femme, pour la dévaliser.


14 ans, monsieur!


Excellent.


Il est entreprenant...


agressif...


expansif...


jeune...


audacieux...


dépravé.


Il fera I'affaire.


Très bien.


Mais voyons
tout de même le bâtiment C.


Non, ça suffit. Il est parfait.


Qu'on m'envoie son dossier.


Nous allons rendre
ce jeune voyou...


méconnaissable.


Merci de me donner cette chance.


Tâchez d'en tirer le meilleur parti.


Allons à mon cabinet.


Entrez.


655321, monsieur le directeur.


Nom, prénom et matricule.


Alexandre de Large, monsieur.
655321, monsieur.


Vous ignorez, je suppose,
qui était là ce matin.


Rien moins que
le ministre de I'lntérieur.


Le "nouveau" ministre.


Et comme on dit,
il fait balai neuf.


Ces absurdes idées nouvelles
ont enfin pris corps...


et les ordres sont les ordres.


Je vous avoue, entre nous,
que je ne les approuve pas.


CEil pour oeil,
voilà ce que je dis.


Si quelqu'un vous frappe,
vous le lui rendez.


Pourquoi I'Etat, que vous mettez
à rude épreuve, brutes...


ne vous rendrait-il pas
la pareille?


Mais la thèse nouvelle
est de dire non...


et consiste à transformer
le mauvais en bon.


Tout cela me paraît
extrêmement injuste.


Ferme ta sale gueule, fumier!


Vous allez être amendé.


Demain,
vous irez chez ce Brodsky.


Vous allez nous quitter.


Vous serez transféré
à I'institut médical Ludovico.


Vous pourrez être remis en liberté
dans environ 15 jours.


Cette perspective vous plaît?


Répondez à M. le directeur!


Oui, monsieur. Merci beaucoup.


J'ai fait de mon mieux ici.


Je suis reconnaissant à tous.


Signez ici, où c'est indiqué.


Ne le lisez pas. Signez-le!


En échange d'une commutation
de peine, vous acceptez...


d'être soumis
au traitement Ludovico.


Et ceci.


Et un autre exemplaire.


Le lendemain, on m'emmena...


à I'institut médical Ludovico...


loin du centre de la ville.


J'étais un peu triste...


de dire adieu à la Centrouze.


Comme toujours, lorsqu'on
s'est habitué à un endroit.


Halte!


Je suis le gardien-chef Barnes.


J'opère le transfert de 655321 ...


de Parkmoor
au centre Ludovico, monsieur.


Bonjour. Oui, vous étiez attendus.


Je suis le docteur Alcott.


Le Dr Alcott.


Fort bien, monsieur.


- Acceptez-vous le détenu?
- Oui, bien sûr.


Ça ne vous ennuie pas de signer
les actes de transfert?


Excusez-moi, monsieur.


Est-ce ce gardien
qui va se charger du détenu?


Si je peux me permettre
un conseil, tenez-le à I'oeil.


Brute abjecte il a été
et sera de nouveau.


Malgré sa lèche à I'aumônier
et sa lecture de la Bible.


Nous en viendrons à bout.
Conduisez-le à sa chambre.


Oui, monsieur.
Par ici, s'il vous plaît.


Je suis le Dr Branom,
assistante du Dr Brodsky.


Madame... Beau temps, hein?


En effet.


Puis-je enlever ça?


- En forme, ce matin?
- En pleine forme.


Bon. Le Dr Brodsky...


va commencer le traitement.


Vous avez de la veine
d'avoir été choisi.


Je m'en rends compte et
j'en suis reconnaissant à tous.


Donc, nous allons être amis?


Je I'espère, madame.


La seringue,
c'est pour m'endormir?


Oh non, pas du tout.


- C'est des vitamines?
- A peu près.


Vous êtes sous-alimenté.
Après chaque repas, une piqûre.


Tenez-vous sur le côté droit.


Baissez votre pantalon de pyjama.


En quoi, au juste,
consiste ce traitement?


C'est très simple.


Nous allons vous montrer
quelques films.


Comme lorsqu'on va au cinéma?


Quelque chose comme ça.


Bon.


J'aime louquer des films
de temps à autre.


Pour louquer des films,
j'en ai louqués!


L 'endroit où on m'a conduit...


ne ressemblait en rien
à un cinoche.


Ligoté dans une camisole
de force...


j'avais le gulliver immobilisé...


contre un appuie-tête.


On m'a bloqué les yeux...


pour que je ne puisse pas
les fermer, même en m'y évertuant.


Ça me paraissait un peu dingue...


mais je les ai laissés faire.


Si je devais être un malchick libre
15 jours plus tard...


je devais endurer pas mal
de choses dans I'intervalle.


Pendant un moment, le premier film
fut du bon cinoche...


style Hollywood.


Le son était vraiment horrorcho.


Les hurlements étaient
d'un réalisme...


On slouchait même
la respiration haletante...


des malchicks se tolchockant.


Et qu'est-ce que vous croyez?


Bientôt, notre cher vieil ami...


le rouge, rouge vino...


le même partout...


produit par la même firme...


se mit à couler.


C'était magnifique.


C'est drôle,
les couleurs du monde réel...


ne paraissent réelles...


que louquées sur un écran.


Tout en regardant cela...


j'ai commencé à sentir...


que je ne me sentais pas
tellement bien.


J'ai attribué ça aux petits plats
et aux vitamines.


M'efforçant d'oublier ça, je n'eus
d'yeux que pour le film suivant...


où, d'entrée de jeu,
une jeune devotchka...


subissait un coup de va-et-vient,
va-et-vient...


d'abord avec un malchick...


puis un autre...


et un autre.


Quand on en fut
au 6ème ou 7ème malchick...


qui, I'oeil paillard,
et smeckant, entra en action...


j'ai commencé à avoir
vraiment la nausée.


Mais je ne pouvais fermer les glaz.


Même en essayant
de détourner mon regard...


je ne pouvais échapper...


à la ligne de tir de ce film.


Laissez-moi me lever.


J'ai envie de vomir.


Donnez-moi quelque chose
dans quoi vomir!


Très vite, à présent, le sérum
va provoquer chez le sujet...


de la paralysie...


ainsi qu'un vif sentiment
de terreur et d'impuissance.


Un de nos premiers cobayes
le disait semblable à la mort...


une sensation d'étouffement
ou de noyade.


C'est au cours de cette période...


que le sujet fera
ses plus fécondes associations...


entre sa catastrophique expérience...


et la violence dont il est témoin.


Le Dr Brodsky est content de vous.


Votre réaction a été très positive.


Demain, il y aura deux séances:
le matin et I'après-midi.


Il faut que je louque
deux séances en un jour?


Vous serez un peu las le soir...


mais nous devons nous acharner
sur vous. Il faut qu'on vous guérisse.


C'était horrible.


Bien sûr, c'était horrible.


La violence est une chose horrible.


Vous I'apprenez en ce moment.


Votre corps I'apprend.


Je ne comprends pas
pourquoi j'ai la nausée.


Je n'avais pas la nausée, avant,
plutôt le contraire...


quand je faisais,
ou regardais les autres.


Vous avez eu ce malaise
parce que vous allez mieux.


Quand on est sain,
on réagit devant I'odieux...


par la peur et la nausée.


Vous devenez sain, voilà tout.


Demain, à cette heure-ci,
vous le serez plus encore.


Vint le lendemain, mes frères...


et j'avais vraiment fait
de mon mieux...


pour jouer le jeu...


et me montrer un horrorcho
malchick coopératif...


sur le siège de torture...


pendant la projection d'ignobles
scènes d'ultra-violence.


Mais sur la bande sonore,
il n'y avait que de la musique.


Puis, quoiqu'en piteux état,
j'ai remarqué...


quelle musique c'était
qui retentissait.


C'était de Ludwig van.


La 9ème Symphonie.
Le 4ème mouvement.


Arrêtez ça, arrêtez ça!
De grâce! Je vous en prie!


C'est un crime!


C'est un crime!


Un crime!


Qu'est-ce qui est un crime?


d'utiliser Ludwig van de cette façon.
Il n'a fait de mal à personne.


Beethoven n'a fait que composer.


Faites-vous allusion
à la musique de fond?


Déjà entendu du Beethoven?


Ainsi, vous aimez la musique?


On n'y peut rien.


Là réside peut-être
I'élément expiatoire.


Le directeur devrait être content.


Désolé, Alex.


C'est pour votre bien.


Il faut nous supporter
quelque temps.


Mais ce n'est pas juste.
Pas juste que j'aie la nausée...


en entendant
le divin, divin Ludwig van.


Il faut assumer ce risque.


C'est vous qui avez choisi.


Ce n'est pas la peine de continuer.


Vous m'avez prouvé qu'user
d'ultra-violence et tuer...


c'est mal, mal, très très mal!


Ça m'a servi de leçon, monsieur.


Je vois ce que jamais encore
je n'avais vu.


Je suis guéri... Dieu soit loué!


Vous n'êtes pas encore guéri.


Mais, monsieur!


Madame!


Je vois que c'est mal!


C'est mal, parce que
c'est contraire à la société...


que chacun a droit à la vie
et au bonheur...


sans être tolchocké et poignardé.


Non, mon garçon.
Il faut vous en remettre à nous.


Mais réjouissez-vous.


Dans moins d'une quinzaine,
vous serez un homme libre.


Mesdames et messieurs...


à présent,
voici le sujet en personne.


Il est, vous le voyez,
dispos et bien nourri.


Il a bien dormi
et a pris un bon petit déjeuner.


Il n'est ni drogué...


ni sous hypnose.


Demain, nous le renvoyons
avec confiance dans le monde...


devenu aussi vertueux
qu'un enfant de Marie.


Quelle différence,
mesdames et messieurs...


avec la pauvre gouape,
frappée par I'Etat...


il y a deux ans,
d'une sanction stérile.


Inchangé après deux ans.


Inchangé, dis-je?


Pas tout à fait.


La prison lui a appris le sourire faux,
la main usée de I'hypocrisie...


I'oeillade flagorneuse,
pateline, obséquieuse...


et bien d'autres vices encore...


tout en I'affermissant
dans ceux qu'il avait déjà.


Notre parti a promis
de rétablir I'ordre...


et d'assurer aux citoyens paisibles
la sécurité dans les rues.


Cette promesse est sur le point
de devenir réalité.


Mesdames et messieurs,
ce moment est historique.


Le problème de la violence
sera bientôt une chose du passé.


Mais assez parlé.


Les actes sont
plus éloquents que...


Aux actes, à présent.


Observez tous.


Nous nous sommes mouillés à fond.


Brodsky a mon entière confiance.


Si les sondages sont exacts,
nous n'avons rien à perdre.


Salut, tas de fumier.


Tu ne te laves pas souvent,
à en juger par cette odeur infecte.


Que dis-tu là?
J'ai pris une douche ce matin.


Il a pris une douche ce matin.


Me traiterais-tu de menteur?


Alors, tu dois me croire
complètement idiot.


Pourquoi as-tu fait ça?


Je ne t'ai jamais fait de tort.


Tu veux savoir pourquoi
j'ai fait ça?


Eh bien, vois-tu...


Je fais ceci...


et ça parce que j'aime pas
ta sale gueule.


Et si tu cherches la bagarre...


eh bien, te gêne pas.
Vas-y...


je t'en prie!


Je sens que je vais vomir.


Tu sens que tu vas vomir?


Je vais vomir.
Laisse-moi me lever.


Tu veux te lever?


Alors, écoute-moi.


Si tu veux te lever...


tu dois faire quelque chose
pour moi.


Là...


là.


Tu vois ca?
,


Tu vois ce soulier?


Je veux que tu le lèches.


Vas-y!


Lèche-le.


Et, ô mes frères,
le croirez-vous:


votre fidèle ami
et narrateur martyr...


a sorti une rouge yahzik de 2 km...


pour lécher les grahzny
et vonny souliers.


Encore!


L 'horrible nausée
s'abattit sur moi...


et transforma la joie
de la bagarre...


en la sensation
que j'allais crever.


Et encore...


Bien propre.


Merci beaucoup.


Ça suffit amplement.


Merci, mesdames et messieurs.


Elle s'avançait vers moi...


nimbée de lumière. On eût dit
le halo de la grâce céleste.


Une idée fulgurante
me traversa le gulliver:


I'étendre là, par terre...


et m'offrir une partie
de va-et-vient sauvage.


Mais, raide comme balle,
vint la nausée...


tel un flic,
guettant au coin de la rue...


qui s'amenait
pour procéder à I'arrestation.


Ca suffit.
,


Merci beaucoup.


Merci, ma chère.


Vous ne vous sentez pas mal?


Non, monsieur.
Je me sens en forme.


- Bon.
- Ca a été?
,


J'ai bien réagi?


A merveille, mon garçon,
à merveille.


Voyez-vous...


notre sujet est poussé
vers le bien...


en étant paradoxalement
attiré par le mal.


L'intention d'user de violence...


s'accompagne d'une sensation
d'angoisse physique.


Pour combattre,
le sujet doit virer...


vers une attitude
diamétralement opposée.


Des questions?


Le choix!


Le garçon n'a pas
de véritable choix.


L'intérêt personnel...


la crainte de la douleur physique...


I'ont conduit à ce numéro grotesque
d'auto-humiliation.


Son insincérité était visible.


Il cesse d'être un délinquant.


Il cesse aussi d'être une créature
capable d'un choix moral.


Mon père, subtilités que cela!


Les problèmes d'éthique
ne nous concernent pas.


Notre souci, c'est la régression
de la criminalité.


Et I'allégement de I'effroyable
encombrement de nos prisons.


Il sera notre véritable chrétien...


prêt à tendre I'autre joue...


prêt à être crucifié plutôt
qu'à crucifier.


Révulsé à la pensée même
de tuer une mouche.


Régénération!


Joie devant les anges de Dieu.


L'essentiel est que ça agisse!


Et le lendemain,
votre ami et humble narrateur...


était un homme libre.


ALEX, ASSASSIN
DE LA FEMME AUX CHATS, RELAXE


REMEDE AU CRIME RENFORCE
POLITIQUE DU MAINTIEN DE L'ORDRE


Meurtrier libéré:
la science a le remède


Salut, salut, salut Pé et Em!


Comment vas-tu?
Content de te voir.


Quelle surprise...


- Bien content.
- On est en forme?


Comment vas-tu?


Oh, bien, bien.


On se garde à carreau, tu sais.


Je suis de retour!


C'est bon de te revoir.


Pourquoi t'as pas prévenu?


Ce devait être une surprise
pour toi et pour Pé.


Pour une surprise,
c'en est une renversante.


On vient de lire ca
,
dans les journaux.


Tu aurais dû nous en aviser.


C'est pas qu'on soit pas
contents de te revoir...


et complètement guéri, hein?


Exact, papa. Ils ont fait
un travail du tonnerre sur moi.


Je suis complètement régénéré.


Toujours au même endroit.


Il y a un inconnu assis
sur le canapé...


qui munche wunche
des lomticks de pain grillé.


C'est Joe.


Il habite ici, à présent.


Un pensionnaire.


Voilà ce qu'il est.


Il loue ta chambre.


Comment va, Joe?


La chambre est confortable?


Pas de réclamations?


J'ai entendu parler de vous.


Je sais ce que vous avez fait.


Brisant le coeur
de vos pauvres parents éplorés.


Vous voilà de retour, hein?


Pour faire de la vie
de vos charmants parents un enfer?


Faudra passer sur mon cadavre mort.


Car, pour eux,
je suis plus un fils...


qu'un pensionnaire.


Ne vous battez pas ici,
mes enfants.


Mettez la main devant la bouche!


C'est dégueulasse.


Ça va, petit?


C'est le traitement.


Y a de quoi vous dégoûter
de manger.


Laisse-le tranquille, Joe.
C'est le traitement.


Tu crois qu'on devrait
faire quelque chose?


Tu veux que je te fasse
une bonne tasse de thé?


Qu'avez-vous fait
de toutes mes affaires?


Eh bien, tout a été...


emporté, mon fils.


Par la police.


Un nouveau règlement.


A titre de dédommagement
aux victimes.


Qu'est devenu Basil?


Où est mon serpent?


Il a eu...


un accident.


II... il est décédé.


Qu'est-ce que je vais devenir?


Je veux dire...


c'est ma chambre qu'il occupe...


y a pas à tortiller.


C'est mon foyer, aussi.


Quelles suggestions, mes Pé et Em,
avez-vous à faire?


Eh bien,
tout ceci demande réflexion.


On peut tout de même
pas flanquer Joe dehors.


Pas comme ca.
,


Joe est ici pour faire un travail.


Un contrat que c'est, deux ans.


Et on a pris un arrangement.
N'est-ce pas, Joe?


Vois-tu, fils...


Joe a déjà payé le loyer
du mois prochain. Donc...


quoi qu'on décide à I'avenir,
on peut pas dire à Joe...


de s'en aller, pas vrai?


Il s'agit de bien plus que ça.


Je dois me soucier de vous deux.


Vous avez été un père
et une mère pour moi.


Je serais moche de partir
en vous laissant tous deux...


à la merci de ce jeune monstre...


qui n'a jamais été un vrai fils.


Regardez, le voilà qui pleure.


Mais, c'est tout
de I'astuce et du chiqué.


Qu'il se trouve
une chambre ailleurs.


Qu'il se rende compte de ses
erreurs, et qu'un mauvais garçon...


tel que lui ne mérite pas
d'aussi bons parents.


Très bien.


A présent,
je sais à quoi m'en tenir.


J'ai souffert et souffert...


et souffert...


et tout le monde veut
que je continue à souffrir.


Vous avez fait souffrir les autres.


Ce n'est que justice
que vous souffriez au maximum.


Le soir, ici, on m'a raconté
tout ce que vous avez fait...


et c'était rudement abominable
à entendre.


Ça m'a rendu malade,
la plupart de ces histoires.


Votre mère est dans un état!


Calme-toi, calme-toi.


Bien!


Je m'en vais, à présent.


Jamais plus vous ne me louquerez.


Je ferai mon chemin tout seul.


Merci beaucoup. Et que ça pèse
lourd sur vos consciences.


Voyons,
ne le prends pas comme ça.


T'aurais pas
un peu de flouze, frangin?


T'aurais pas
un peu de flouze, frangin?


T'aurais pas
un peu de flouze, frangin?


Merci, t'es un frère.


Mille tonnerres!


Que le diable me patafiole!


Sainte Mère de Dieu
et tous les saints d'lrlande!


Je n'oublie jamais une physionomie!


Par Dieu! Aucune!


Laisse-moi tranquille.
Je ne t'ai jamais vu.


C'est cette petite fiente
qui a failli me buter.


Lui et ses amis...


m'ont roué de coups de poing
et de coups de pied.


Arrêtez-le! Arrêtez-le!


Ils rigolaient de me voir saigner.
Ce goret assassin!


Un raz-de-marée de vieux,
crasseux et nauséabonds...


se jeta sur votre narrateur...


toutes roukers et griffes dehors.


C'était la vieillesse
attaquant la jeunesse.


Et je n'osais pas riposter,
ô mes frères.


Mieux valait être ainsi
malmené que...


ressentir cette horrible nausée.


Allons, cessez de troubler la paix
de I'Etat, méchants garnements!


En arrière! Allez-vous-en!


Un ennui, monsieur?


Tiens!


Tiens, tiens, tiens!


Dirait-on pas le petit Alex?


Une paye qu'on
s'est pas louqués, droug.


Ca boume?
,


C'est impossible.


C'est pas croyable!


Le témoignage des glaz!


Aucun tour de passe-passe.


Rien de magique, petit Alex.


Un boulot pour ceux
qui sont en âge de boulonner.


La police.


Viens, Alex.


Viens mener-mener.


Allons, allons, allons,
mes petits drougs.


Je pige rien à tout ça.


Le passé est mort.


Pour ce que j'ai fait autrefois,
j'ai été puni.


On m'a guéri.


On nous a dit ca.
,


L'inspecteur nous a dit tout ça.


Il a dit que c'était
une bonne méthode.


Alors que signifie ceci?


C'est eux qui m'ont sauté dessus.


Vous êtes pas de leur côté,
et pouvez pas I'être.


Ce type qu'on a un peu
maravé autrefois...


voulait se venger,
après tout ce temps.


Rappelle-toi, Dim.


Je me rappelle pas
horrorcho ce temps-là.


Et faut plus m'appeler Dim.


M. I'agent, faut m'appeler.


Assez de souvenirs, petit Alex.


On va s'assurer
que tu restes guéri.


Ça suffit, drougy.


Continue, il se débat encore.


Guéri, dis-tu?


Où aller, moi qui n'avais
ni gîte, ni argent?


Je m'apitoyai sur moi-même.


Un foyer, un chez-moi, un home...


c'était un home que je voulais.


Et c'est à un home que j'aboutis...


ne me rendant pas compte,
vu mon état...


du lieu où j'étais,
et étais déjà venu auparavant.


Qui diable ça peut-il être?


Je vais aller voir.


Oui, qu'est-ce que c'est?


Au secours... De grâce...


Frank, ce jeune homme
a besoin d'aide.


Mon Dieu!


Que vous est-il arrivé,
mon garçon?


Et le croirez-vous,
ô mes frères et seuls amis?


Voilà votre fidèle narrateur...


porté sans défense,
comme un poupon...


et pigeant soudain où il était...


et pourquoi "Home"
lui avait paru familier.


Mais je ne risquais rien.


Il ne se souviendrait pas de moi...


car en ces jours sans souci...


mes prétendus drougs et moi...


portions des masques
qui nous camouflaient.


Des policiers.


D'abominables policiers...


m'ont passé à tabac, monsieur.


Ils m'ont roué de coups.


Je vous reconnais!


C'est votre photo dans le journal?


C'était vous à la télé ce matin?


La victime de cette horrible
technique nouvelle?


Oui.


C'est exactement qui je suis
et ce que je suis: une victime.


Alors, c'est la Providence
qui vous envoie!


Torturé en prison,
puis torturé par la police.


J'ai pitié de vous. Vous n'êtes pas
le premier à échouer ici.


La police dépose
ses victimes dans le coin.


Il est providentiel que vous...


victime d'un autre genre,
soyez tombé chez moi.


Mais vous avez froid et grelottez.


Julien...


faites couler un bain
pour ce jeune homme.


Certainement, Frank.


Merci beaucoup, monsieur.


Dieu vous bénisse.


Il peut être I'arme
la plus efficace...


pour battre le gouvernement
aux élections.


Le gouvernement tire gloire...


de la manière
dont il vient à bout du crime.


Enrôlant de jeunes voyous
dans la police...


usant de méthodes débilitantes.


Nous avons déjà vu cela
dans d'autres pays.


C'est le premier pas.


En moins de rien, nous aurons
tout I'appareil du totalitarisme.


Ce garçon est un témoignage vivant
de ces desseins diaboliques.


Les gens du peuple doivent
être informés, doivent le voir.


Il faut défendre les traditions
de liberté. Tout est là.


Les gens du peuple renonceront
à la liberté...


pour avoir la paix.


C'est pourquoi il faut les guider...


les contraindre...


Parfait.


Merci beaucoup, monsieur.


Il sera ici.


C'est gentil
de m'avoir fait préparer ça.


J'ai vu personne
en sortant du bain.


Alors, j'ai commencé.
Je peux?


Bien sûr.


C'est à votre goût?


Très bon, monsieur.


Goûtez au vin.


A votre santé.


A la vôtre.


Vous ne buvez pas?


Non, ma santé ne me le permet pas.


Non, merci.


" 1960, Château.


St Estèphe.


Médoc."


Très bon cru, monsieur.


Très jolie...


couleur.


Quel arôme!


Très agréable ce vin, monsieur.


Je bois en son honneur.


Très ravigotant, monsieur.


Content de vous voir apprécier
ce bon vin.


Prenez-en un autre verre.


Ma femme...


s'occupait de tout ici,
ce qui me permettait d'écrire.


Elle est absente?


Non, elle est morte.


Navré de I'apprendre.


Elle a été sauvagement violée.


Nous avons été attaqués
par une bande de voyous...


ici même, où vous êtes.


Moi, ça m'a laissé infirme,
mais pour elle, c'en fut trop.


Pneumonie, a-t-on dit...


car c'est arrivé pendant
une épidémie de grippe.


Pneumonie, selon les médecins.
Moi, je savais à quoi m'en tenir.


Victime des temps modernes,
pauvre petite.


Et maintenant vous...


autre victime des temps modernes.


On peut vous aider.


J'ai appelé des amis,
quand vous preniez votre bain.


Des amis...


monsieur?


Ils veulent vous venir en aide.


- Me venir en aide?
- Vous venir en aide.


- Qui sont-ils?
- Des gens très, très importants.


Qui s'intéressent à vous.


Ce sont sans doute ces gens.


Je vous ai assez dérangé.
Je vais partir.


Aucun dérangement.


Laissez-moi remplir votre verre.


C'est donc le jeune homme?


Enchanté.


Madame. Très heureux.


Pardon de venir aussi tard.


Vous avez des ennuis,
nous a dit Frank.


Pouvons-nous vous aider?


C'est très aimable à vous,
monsieur.


Vous avez eu, paraît-il,
une assez...


regrettable...


mésaventure...


avec la police, ce soir.


Oui, on peut appeler ça ainsi.


Vous vous sentez mieux?


Beaucoup mieux.


En état de répondre
à nos questions?


Parfaitement.


Nous avons entendu parler de vous.


Nous nous intéressons à votre cas.
Nous voulons vous aider.


Pouvons-nous en discuter
à présent?


Parfaitement.


Les journaux rapportent...


qu'outre vous avoir mis en condition
de ha,i,r I'acte...


sexuel et la violence...


on vous a, par mégarde,
inspiré le dégoût de la musique.


Je... je crois que ça,
ils ne I'avaient pas prémédité.


Voyez-vous, madame...


j'aime beaucoup la musique,
surtout Beethoven.


Ludwig van Beethoven...


- B E...
- Oui, inutile, merci.


Il se trouve justement que
pendant qu'on me montrait...


un mauvais film
sur un camp de concentration...


la musique de fond était
de Beethoven.


Si bien que vous réagissez
à la musique...


comme au sexe et à la violence?


Non madame, pas à toute la musique.
Seulement à la Neuvième.


La 9ème Symphonie de Beethoven?


Exactement. Je ne peux plus
du tout écouter la 9ème.


Quand je I'entends, ça me fait...


un effet bizarre.


Je n'ai qu'une idée...
essayer de casser ma pipe.


- Pardon?
- Casser ma pipe, mourir, je veux dire.


Je ne désire que mourir en paix...


sans souffrance.


Vous éprouvez ça, en ce moment?


Oh non, monsieur, pas exactement.


Je me sens pourtant...


très malheureux...


très abattu.


Vous avez encore envie...


de vous suicider?


Disons plutôt...


que je me sens à plat.


L'avenir ne présente
guère d'intérêt...


et à chaque instant, je sens qu'il va
m'arriver une chose terrible.


Bien joué, Frank.


Allez chercher la voiture.


Je me suis réveillé.


La nausée s'est emparée de moi
comme une bête.


Puis, j'ai compris d'où ça venait.


La musique montant du sol...


c'était notre vieil ami,
Ludwig van...


et la redoutée 9ème Symphonie.


Ouvrez la porte!


Arrêtez ca!
,


Arrêtez-ca!
,


Assez!


Arrêtez ca!
,


De grâce...


Arrêtez ca!
,


Soudain, j'ai su quoi faire...


ce que j'avais eu envie de faire...


c'est-à-dire me foutre en I'air.


Casser ma pipe.


Sauter avec fracas
hors de ce monde cruel, à jamais.


Un moment pénible, peut-être...


mais ensuite, le sommeil...


éternel, jusqu'à la fin...


des siècles.


J'ai sauté, ô mes frères...


et la chute fut brutale.


Mais je n'ai pas cassé ma pipe.


Si je I'avais cassée...


je serais pas là
pour raconter ce que raconté j'ai.


Je suis revenu à la vie,
après un long et noir, noir entracte...


qui aurait pu durer
un million d'années.


Il a repris connaissance, docteur.


Le gouvernement accusé
de méthodes inhumaines


MINISTRE ACCUSE
DE TRAITEMENT INHUMAIN


"GOUVERNEMENT ASSASSIN"
déclarent les médecins d'Alex


TEMPÊTE AU SUJET
DU JEUNE CRIMINEL


La tentative de suicide d'Alex
imputée aux "cerveaux"


Salut, petit.


Bonjour, mon fils.


Comment vas-tu?


Tu te sens mieux?


Que...


se passe-t-il...


ô mes Pé et Em?


Qu'est-ce qui...


vous fait penser...


que vous êtes les bienvenus?


Ce n'est rien, maman.


Il ne pense pas ce qu'il dit.


T'étais encore dans les journaux.


Ils disent...


qu'on t'a fait
énormément de mal.


Que...


le gouvernement...


t'a poussé à tenter...


de te suicider.


Et à la réflexion, fils...


peut-être est-ce aussi
notre faute...


dans un sens.


Ton chez-toi, c'est ton chez-toi...


tout compte fait.


- Comment vous sentez-vous?
- Bien, bien.


Bon. Permettez?


- Dr Taylor.
- Connais pas.


Votre psychiatre.


J'en ai besoin?


Formalité d'hôpital.


On parle de quoi?
Ma vie sexuelle?


Oh non, je vais vous montrer
quelques plaques...


vous me direz
ce que vous en pensez.


Chouette!


C'est votre rayon, les rêves?


Un peu, oui.


- Vous les comprenez?
- Peut-être.


Des sujets d'inquiétude?


Non, pas vraiment d'inquiétude...


mais je ne cesse de faire
un rêve affreux.


Vraiment affreux.


C'est comme...


Quand j'étais en pièces détachées...


comateux et inconscient...


je ne cessais de rêver...


que les docteurs fouillaient
mon gulliver.


L'intérieur de mon cerveau.


Ce rêve se répète sans cesse.


Ça veut dire quelque chose?


Les blessés tels que vous
font souvent ce genre de rêves...


au cours de la guérison.


Chaque plaque réclame
une réplique...


d'une des personnes y figurant.


Dites-moi ce que, selon vous,
la personne répondrait.


D'accord?


D'accord, d'accord.


"Le plumage n'est-il pas beau?"


Je dis ce que I'autre dirait?


Dites la première chose
qui vous vient à I'esprit.


Des choux... des culottes.


Il n'a pas de bec.


Bien.


"Le garçon avec qui vous vous
bagarriez est très malade."


J'ai I'esprit vide.


Je te foutrai mon poing
sur la gueule, connard!


Bien.


"Que désirez-vous?"


Pas jouer au va-et-vient.
Seulement relever le compteur.


Bien.


"Vous m'avez vendu une saloperie
de montre. Remboursez."


Votre montre,
vous pouvez vous la foutre au cul!


"Ça, faites-en
ce que vous voudrez."


Des cocos.


Je voudrais...


les réduire en miettes...


ramasser le tout...


et les lancer...


Bordel de merde!


Voilà, c'était tout.


Vous vous sentez bien?


Je crois.


Alors, c'est fini?
Ca m'amusait bien.
,


Je m'en réjouis.


Combien de réponses?


Ce n'est pas ça qui compte.


Mais vous me semblez
en voie de guérison totale.


Quand est-ce que je sors?


Ça ne tardera guère, à présent.


Aussi, j'ai patienté...


Et, ô mes frères...


j'allais de mieux en mieux...


en mangeant des cocos
et des lomtiks de toast...


et de bons steajaveaks.


Et puis, un jour...


on m'a dit que j'allais avoir
une visite pas ordinaire.


Attendez dehors, un instant.


En ayant changé le rendez-vous...


je dérange vos malades
en plein repas.


Oh, ça ne fait rien.


Salut, mes petits drougs.


Comment va-t-on aujourd'hui?


A merveille, monsieur.


Encore besoin de moi?


Je ne pense pas, Sir Leslie.


Alors, je vous laisse. Infirmière.


Vous avez toute une salle
pour vous seul.


Oui, monsieur.


Et je m'y sens très seul
d'ailleurs...


quand la douleur
me réveille la nuit.


Oui. Ça fait plaisir
de vous voir vous remettre.


Je suis resté en contact
avec I'hôpital...


et je viens en personne...


pour voir comment vous allez.


J'ai souffert les tortures
des damnés, monsieur.


Oui, je me rends compte
que vous avez subi une...


Oh, permettez-moi.


Je puis vous dire que le gouvernement
auquel j'appartiens et moi...


sommes profondément désolés
de tout ceci, mon garçon.


Pour vous venir en aide...


nous avons suivi des avis
qui se sont avérés néfastes.


Une enquête situera
les responsabilités de chacun.


Considérez-nous comme des amis.


Nous vous remettons en état.


Vous êtes admirablement soigné.


Nous ne vous voulions pas
de mal.


Ce n'était pas
le cas de certaines gens.


Vous savez, je pense,
à qui je fais allusion.


Ils voulaient se servir de vous
à des fins politiques.


Votre mort les eût comblés de joie.


On I'eût imputée au gouvernement.


Il y a aussi un certain écrivain...


auteur d'écrits subversifs...


qui voulait votre peau.


Il mourait d'envie
de vous poignarder.


Mais vous êtes à I'abri de ses coups.


Nous I'avons mis à I'ombre.


Il a découvert
que vous lui aviez fait du mal.


Du moins, c'est ce qu'il croyait.


Il s'était mis cette idée en tête,
que vous étiez responsable...


de la mort d'un être
qui lui était cher.


Il était dangereux.


On I'a coffré
pour sa propre sauvegarde...


et la vôtre.


Où est-il, à présent?


Dans un lieu
où il ne peut vous faire de mal.


Nous prenons soin de vos intérêts.


Nous nous intéressons à vous.


En partant d'ici,
n'ayez aucun souci.


On vous trouvera
un emploi bien rétribué.


Quel emploi et combien?


On vous doit un poste intéressant,
à un salaire rémunérateur.


Non seulement pour le travail...


et en compensation de ce que
vous estimez avoir enduré...


mais aussi parce que
vous nous rendez service.


Je vous rends service?


On rend toujours service
à ses amis, n'est-ce pas?


Ce gouvernement, on le sait...


a perdu beaucoup de sa popularité,
à cause de vous.


On dit que nous perdrons
les prochaines élections.


La presse voit d'un oeil défavorable...


ce que nous avons tenté de faire.


Mais I'opinion publique
est changeante...


et vous, Alex...


si je puis vous appeler Alex?


Certes. Comment vous
appelle-t-on à la maison?


Frédéric.


Je disais donc, Alex...


que votre présence peut être décisive
pour changer le verdict du public.


Vous comprenez, Alex?


Suis-je assez clair?


Comme un lac limpide, Fred.


Aussi clair qu'un ciel d'azur
au coeur de I'été.


Fiez-vous à moi, Fred.


Bien.


Brave garçon.


Je crois savoir
que vous aimez la musique.


Je vous ai réservé une surprise.


Une surprise?


Une qui, je I'espère,
vous fera plaisir...


en guise...


comment dire...


de symbole
de notre nouvelle entente.


Une entente entre deux amis.


Pas d'erreur, j'étais guéri.